Compte-rendu débat sur la lutte contre le gaspillage alimentaire au niveau national et européen

Le 5 octobre 2020, la Maison de l’Europe en Mayenne a organisé à la salle Athènes, au CREF de Laval, un débat sur le gaspillage alimentaire au niveau national et européen, en compagnie de Guillaume Garot, député PS, et d’Angélique Delahaye, ancienne députée européenne LR/PPE. Un débat animé par Pierre-Louis Gastinel, conférencier Team Europe.

Voici un compte-rendu des moments forts du débat.

Tout d’abord, ce qui est ressorti du débat, c’est la complémentarité entre les différents intervenants : un député, ancien ministre, et auteur de la Loi contre le gaspillage alimentaire votée en février 2016 ; une ancienne eurodéputée, syndicaliste agricole, présidente de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de légumes de France) de 2001 à 2012 ; et enfin un conférencier indépendant, qualifiés sur l’Union européenne, du réseau Team Europe.

Politique, syndicat et association, les trois piliers de l’engagement citoyen.

 Déclic et prise de conscience

Malgré leur différence de famille politique, Guillaume Garot et Angélique Delahaye ont rappelé qu’ils étaient tous deux engagés dans le même combat contre le gaspillage alimentaire. Chacun a évoqué le souvenir du déclic qui leur a fait prendre conscience des enjeux du problème.

« Nous étions contraints de jeter des montagnes de concombres, que je savais propres à la consommation, puisque j’en mangeais tous les soirs ! » raconte l’ancienne syndicaliste agricole. « Je me suis dit ‘’Plus jamais !’’. »

Guillaume Garot, a, à son tour, rappelé le choc qu’il a ressentit en 2012.

« Il y avait ses images, d’employés de grandes surfaces qui versaient de l’eau de Javel sur des fruits et des légumes, parfaitement consommables, avant de les jeter. Je ne pouvais pas laisser faire ça ! »

De gauche à droite, Guillaume Garot, Angélique Delahaye et Pierre-Louis Gastinel,
lundi 5 octobre 2020, au CREF de Laval.

Engagements des intervenants dans la lutte contre le gaspillage

Angélique Delahaye a alors rappelé son engagement au sein de SOLAAL, association facilitant le lien entre les donateurs des filières agricoles et les associations d’aide alimentaire, dont elle a pris la présidence en 2013, et le rôle que celui-ci occupe dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.

« SOLAAL est à la croisée des chemins entre deux mondes qui ne se concertent jamais : le monde économique, et le monde associatif. Notre difficulté est de les faire parler entre eux. Ce n’est pas qu’un objectif pour nous, c’est une nécessité pour l’avenir du monde alimentaire. » poursuit la syndicaliste agricole.

En tant qu’ancien ministre délégué à l’agroalimentaire, Guillaume Garot a évoqué la grande réunion contre le gaspillage qu’il a organisé, avec les différents acteurs (grandes surfaces, associations…) « pour la premières fois réunis dans la même pièce » et son aboutissement vers la signature du Pacte National Antigaspillage de 2013.

Une avancée majeure « mais insuffisante » selon le député PS de la Mayenne. « Il nous fallait passer par le cadre de la loi pour espérer un vrai changement » en a-t-il conclu.

L’excès de normes sanitaire, favorable au gaspillage ?

Pour Angélique Delahaye, « C’est une idée reçue. Les réglementations sanitaires peuvent produire du gaspillage si elles sont bêtement appliquées. La frontière est parfois fine entre les aliments catégorisés comme immangeables, et ce qui relève du gaspillage. Cette nuance doit être maitrisée. »

Et la réglementation européenne sur ‘’la taille des concombres’’ ? « C’est une fake news » rappelle Guillaume Garot. « Mais c’est terrible de constater l’impact néfaste qu’elle a eu sur le débat public. ».

Pour ce qui est de la question des dates de péremption « C’est un accélérateur de gaspillage. » selon Angélique Delahaye. «Pour les yaourts par exemple, la date n’est qu’indicative. ». Guillaume Garot identifie deux principaux leviers : « La dimension locale, et l’éducation à l’alimentation ». Piste qu’approuve l’ancienne eurodéputée. « Il faut que les jeunes générations apprennent à cuisiner, à faire plus avec moins, plutôt que d’acheter pour jeter. »

Quand à la question d’un engagement des pays européens, avec obligation législative, et potentielle condamnation en cas de manquement, Angélique Delahaye appelle au bon sens, et rappelle que tous les pays n’ont pas la même définition de ce qu’est le gaspillage. « Il faut se mettre d’accord sur le système de mesure » complète Guilaume Garot.

Verre à moitié vide ou à moitié plein ?

Pour Guillaume Garot, « Les progrès phénoménaux faits en 10 ans dans la prise de conscience collective sont encourageants ». Mais il rappelle que le temps presse, et que les enjeux augmentent. « Comment nourrir 10 milliards d’habitants d’ici 2050 ? »

« Je suis une éternelle optimiste » affirme Angélique Delahaye, confiante. « Le verre se remplit. Je ne crois pas en la décroissance, mais il faut sortir du modèle consumériste. Vivre dans la modernité, en protégeant les ressources, cela passe par l’alimentation. »

Que retenir du débat ?

Que les intervenants ont profité de leur temps de parole pour sensibiliser le public aux questions de gaspillage, rappelant leur bilan et engagement respectifs sur la question, se renvoyant la balle avec bienveillance. Cette unité affichée en dehors des clivages partisans, allait de pair avec le message optimiste revendiqué, et la complémentarité des profils observée.