Compte-rendu « 1 an après les élections européennes », échanges avec l’eurodéputée Valérie HAYER

La Maison de l’Europe en Mayenne – Centre d’information Europe Direct a organisé vendredi 30 octobre, de 19h à 21h, une visioconférence avec l’eurodéputée Valérie HAYER (Renew Europe), sur le bilan à dresser un an et demi après les élections européennes.

Cette visioconférence a permis un échange entre la députée européenne, membre du Groupe Renew Europe avec les participants à l’évènement qui ont pu lui poser leurs questions.

Les échanges ont été animés par Olivier Brunet, conférencier du réseau Team Europe.

Pour commencer, Olivier Brunet a fait une présentation de Valérie Hayer, rappelant son caractère de jeune élue du groupe Renaissance, et de son statut de membre titulaire à la commission parlementaire du budget, et de rapporteur pour son groupe politique sur la question des ressources propres.

Trois crises majeures

Valérie Hayer aborde pour commencer le caractère préoccupant de la situation, qui se manifeste sous la forme de trois crises : une crise sanitaire, une crise économique, et une crise des valeurs. Ce dernier point faisant évidemment références aux récents attentats qui ont frappé la France et l’Europe.

La députée dénonce également les atteintes répétées aux libertés fondamentales et à l’État de droit qui ses multiplient en Hongrie et en Pologne, soit au sein même de l’Union Européenne, mais aussi aux attaques du Président turc Recep Tayyip Erdogan à l’égard du Président de la République Emmanuel Macron, dont elle dénonce les propos « indignes et abjectes ».

Face à ce monde « incertain et anxiogène », Valérie Hayer rappelle l’importance « d’être uni et de faire bloc pour défendre nos valeurs. ». Elle insiste alors sur la dimension collective que ce défi représente ;

Sur la question de la responsabilité du gouvernement dans la non-anticipation de la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, Valérie Hayer rappelle que personne n’a vu cette deuxième vague arriver. « Partout en Europe il y a des mesures de restrictions. Aucun responsable au monde n’a anticipé ce virus. »

Elle souligne aussi la cacophonie qui a pu avoir lieu lors de la première vague, ainsi que les réflexes nationalistes qui ont pu émergés lors des premières semaines de la part des dirigeants, avant de peu à peu laisser place à une coordination des pays européens.

Une opportunité pour l’Europe ?

En opposition à cela, Valérie Hayer pointe le fait que cette fois les États membres sont mieux disposés à faire face ensemble, la crise a finalement permis de faire avancer un certain nombre de dossiers portés par la France, comme la souveraineté alimentaire, la relocalisation d’une partie de notre industrie, ou d’un plan de relance inédit « inimaginable encore aux mois de mars, avril ! »

De plus, le caractère historique du plan de relance se manifeste également par la difficulté avec laquelle il a abouti, notamment par les blocages des quatre pays dits « frugaux » (Pays-Bas, Danemark, Suède et Autriche) mené par le premier ministre néerlandais Mark Rutte, qu’elle dénonce.

Mais selon Valérie Hayer, le rôle du Parlement européen est de tirer les négociations vers le haut « Nous avons salué le plan de relance, mais certaines choses dans le budget ne nous conviennent pas ». Elle précise notamment que certains programmes phares de l’UE doivent être renforcés. C’est le cas de la santé notamment, dont les négociations sont particulièrement difficiles.

Pour rappel, l’Union européenne n’a pas compétence en matière de santé, précise Olivier Brunet. Mais pas de quoi inquiéter Valérie Hayer « Quand les États membres et la Commission européenne ont envie d’avancer sur un sujet ils sont très créatifs pour trouver des moyens juridiques de les faire passer. » Précise-t-elle amusée.

Bras de fer

Selon Valérie Hayer, il est hors de question que le contribuable européen paye pour rembourser les emprunts du plan de relance. « C’est aux entreprises chinoises polluantes, aux institutions financières spéculatives et aux géants du numérique, qui ont largement profité de la crise, de payer. » Il s’agit du dossier qui avance le mieux selon l’eurodéputée.

L’autre dossier, c’est le mécanisme de protection de l’État de droit, qui consiste à couper les aides des pays européens qui ne respectent pas l’État de droit. Sont mis en cause la Pologne et la Hongrie, qui bloquent le plan de relance pour ne pas être contraints.

Selon Valérie Hayer, Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, a besoin du Fonds de cohésion et Mateusz Morawiecki, Président du Conseil des ministres polonais a besoin du Plan de relance pour son économie, et ne pourra donc pas faire pression longtemps. « C’est un bras de fer qui est en train de se jouer. »

Questions des participants

S’en sont suivis ensuite des échanges avec les participants, et plusieurs sujets ont été abordés :

GAFA Pour Valérie Hayer le fait que les GAFA payent deux fois moins d’impôts que les entreprises traditionnelles européennes n’est plus acceptable, surtout s’ils sont les grands gagnants de la crise. Le fait qu’ ils aient besoin du marché européen donne à l’UE un moyen de pression important.

La PAC Pour Valérie Hayer, l’Union Européenne a les moyens d’exporter nos normes environnementales. Certains traités, comme le Mercosur (accord de libre-échange avec  plusieurs pays d’Amérique du Sud) ne peuvent plus être acceptés en l’état, pour cause de divergences trop marquées en matière de politique environnementale. Pour la députée européenne Renew, il s’agit d’un changement de mentalité important dans son groupe politique. En ce qui concerne la PAC, elle insiste également sur le programme de verdissement, qui doit être plus vert mais réaliste, et met en avant le triptyque : protéger la planète, les consommateurs et les agriculteurs.

BREXIT Valérie Hayer met l’accent sur ce qui représente selon elle les trois sujets tendus à propos du brexit : la gouvernance, le règlement des conflits et la pèche. Sur ce dernier point, il s’agit de décider comment permettre l’accès aux eaux britanniques pour les pêcheurs européens. La députée est claire : aucun accord ne doit se faire au détriment des européens. La fin de l’année va être décisive à bien des égards, conclu t-elle en rappelant la date butoir du 31 décembre 2020.

Rôle au Parlement Interrogée sur ses responsabilités professionnelles, Valérie Hayer a expliqué son rôle de membre de la commission des budgets, et de par son statut de coordinatrice, de rapporteur sur les ressources propres. Valérie Hayer a souligné la chance qu’elle avait d’avoir de telles responsabilités, ainsi que son optimisme et sa détermination sur ces sujets qui selon elle, vont dans la bonne direction.

La visioconférence est disponible en intégralité sur notre chaine Youtube :