Compte-rendu : Santé et recherche : quoi de neuf au niveau européen ?

Les 5 Centres d’information Europe Direct des Pays de la Loire ont organisé mardi 3 novembre 2020, de 18h à 19h15, un webinaire sur la santé et la recherche au niveau européen.

Trois intervenants ont pu nous faire profiter de leurs expertises sur ces questions, Véronique TRILLET-LENOIR, députée européenne (Groupe Renaissance), Giorgio CLAROTTI, Senior Policy Officer, Stratégie pour la santé de la Commission européenne, et Vincent DUBEE, infectiologue et Chef du Service de Maladies Infectieuses et Tropicales du CHU d’Angers. Ils ont pu répondre aux différentes questions posées par les participants.

Les échanges ont été animés par Olivier Brunet, conférencier du réseau Team Europe, et Julie Angot, chargée de mission à la Maison de l’Europe Angers & Maine-et-Loire.

Présentation des intervenants

Pour commencer, Olivier Brunet fait une présentation des intervenants, en insistant sur leurs connaissances en matière de recherche et de santé. Il présente ensuite la carrière de pneumologue et cancérologue de Véronique TRILLET-LENOIR, en précisant son appartenance à la commission parlemenatire de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire et à celle de l’emploi et des affaires sociales.

Il enchaine sur la présentation de Giorgio CLAROTTI, docteur en génie biomédical, fédéraliste et porte-parole du groupe Europe à l’Union des Fédéralistes Européens et fonctionnaire de la Commission européenne, ayant travaillait à la DG emploi et affaire social et à la DG recherche et innovation, et membre d’Alliance for Europe, ONG utilisant la technologie pour encourager la démocratie en Europe.

Enfin, Vincent DUBEE, professeur de maladie infectieuse et tropicale, et membre de la cellule crise du CHU d’Angers, coordinateur de la réponse territorial vis-à-vis de l’épidémie de covid-19, permettant d’apporter un témoignage de terrain sur la réalité de la recherche et santé en Europe.

Stratégie européenne et domaine de compétence

Pour Véronique TRILLET-LENOIR, les compétences de l’Union Européenne en matière de santé sont à la fois extrêmement étendue et très réduite. Dans les traités, l’UE doit assurer une protection de la santé de tous les citoyens européens, mais étant donné que l’organisation des soins relève de la prérogative des États membres, cela limite drastiquement cette ambition.

« Nous avons été confronté au problème de l’absence d’un ministère de la santé européenne et d’une agence sanitaire européenne unique », en précisant qu’il y en a cinq, mais malheureusment qui ne communiquent pas entre elles.

Giorgio CLAROTTI complète cette analyse en précisant le caractère hybride, moitié gouvernement, moitié administration de l’Union Européenne, et la compétence partagée du domaine de la recherche qu’elle a avec les États membres.

L’Europe et la crise sanitaire

Selon Véronique TRILLET-LENOIR , la réaction tardive de l’UE face à la première vague s’explique par le caractère inédit de la pandémie. S’ensuit alors une gestion décousue des différents États membres, et la nécessité d’une harmonisation, des pratiques de lutte contre la propagation du virus, et de la recherche contre la pandémie, nous permettant de nous affirmer en tant que puissance souveraine.

En terme de recherche, Giorgio CLAROTTI nous explique que les mécanismes venant en aide aux pays en voie de développement développés pendant la crise Ebola ont permis à l’Europe d’être les premiers au monde, le 30 janvier 2020 à lancer un appel de recherche, et de recevoir plus de mille propositions en une semaine, permettant aux entreprises de recevoir des fonds dès le 15 février pour lancer la recherche.

« Vous avez certainement entendu parler de la tentative de M. Trump de racheter une start-up allemande financée par des fonds européens . Nous lui avons permis de résister à cette pression commerciale (…) Les trois vaccins en cours de développement ont tous bénéficiés d’aides européennes ».

Enfin, Giorgio CLAROTTI précise le principe d’équité, exigé par l’UE, qui garantit à chaque pays de bénéficier d’un vaccin sans discrimination quand celui-ci sortira. « Nous avons été suivis par la Chine, le Brésil, le Japon, mais pas par les États-Unis ».

Quel vaccin et pour quand ?

« Ce sont des questions auxquels il faut répondre avec humilité qu’on ne sait pas » affirme Véronique TRILLET-LENOIR, ajoutant que de par les initiatives de la Commission européenne, les recherches de vaccins n’ont jamais été aussi rapides.

Néanmoins l’eurodéputée appelle à la prudence, et au danger que cela représenterait de mettre sur le marché, un vaccin dont l’efficacité et les effets secondaires sont encore incertains. Pour ce qui est de la collaboration avec la Chine, elle se montre confiante et optimiste « C’est un pays avec lequel on peut partager du savoir-faire et des connaissances ».

Vers un renforcement de la recherche européenne ?

« Oui certainement » pour Giorgio CLAROTTI, ventant les mérites d’un nouvel instrument, le Conseil européen de l’innovation, qui a aidé des milliers de starts-up. Néanmoins il alerte sur l’essence septique du chercheur, « Le chercheur doute, le journaliste veut la vérité, le politique n’a pas le droit à l’erreur. »

Interrogé sur la réalité du terrain, Vincent DUBEE raconte qu’effectivement le virus n’a commencé à faire partie de ses préoccupations que lorsqu’il a été annoncé en Italie, d’où l’importance selon lui, des échanges professionnels entre les pays européens. « Un certain nombre d’essais, régionaux, nationaux, internationaux, témoignent du dynamisme de la recherche, qui est le fruit de la structuration de l’offre sanitaire en France mais également en Europe ».

Selon lui nous entrons dans une deuxième crise, très différente de la première qui était essentiellement une crise de moyen et de manque d’information, cette fois-ci, c’est une crise de l’épuisement du personnel médical très sollicité depuis huit mois. « Il sera nécessaire de mieux s’organiser et de mieux développer ces agences européennes », absolument fondamentales nous dit-il.

« Nous avons une opportunité inouïe d’améliorer la santé des Européens », conclue Véronique TRILLET-LENOIR

REPLAY :

Le webinaire est disponible en intégralité sur la chaine Youtube de la Maison de l’Europe en Mayenne :